Après près de trois décennies de voyages à sensations fortes, d'espionnage à travers le monde et de cascades périlleuses, Tom Cruise est de retour dans le rôle d'Ethan Hunt dans Mission : Impossible – Le Jugement dernier, le huitième et prétendument dernier volet de la franchise au long cours. Réalisé par Christopher McQuarrie pour la deuxième fois, le film entend bien clore la carrière d'Ethan Hunt en fanfare. Mais malgré sa volonté de sérieux et de mise en scène, les critiques sont radicalement divisées quant à savoir si le film aboutira à une fin satisfaisante ou s'il s'effondrera sous le poids de ses propres ambitions.
Une histoire de deux réactions
Certains voient dans The Final Reckoning un thriller apocalyptique et impétueux qui emmène la franchise vers des horizons plus philosophiques. D'autres y voient un faux pas sombre et riche en révélations, qui substitue la tristesse à l'importance. Les réactions mitigées reflètent le ton audacieux du film, l'un de ses aspects les plus controversés.
La mission la plus sombre à ce jour
Ce huitième volet, qui fait suite à une critique cinglante, abandonne le divertissement évasif et l'énergie ludique qui caractérisaient les précédents. Plutôt que d'offrir une perspective résolument sombre et apocalyptique, il propose une vision implacablement sombre. Tourné en grande partie dans des tunnels obscurs, des cavernes sous-marines et des espaces aux allures de bunkers, le film est visuellement et émotionnellement désolant. Commençant par une déclaration telle que « La vérité disparaît, la guerre approche », le film présente près de trois heures d'idées lourdes sur la guerre nucléaire, l'intelligence artificielle et la fin de la civilisation.
Fini les plaisanteries mordantes, remplacées par des réflexions philosophiques et des monologues grinçants dans des salles faiblement éclairées. Le rythme autrefois palpitant de la franchise a laissé place à de longues scènes d'exposition, souvent entrecoupées de flashbacks, de flash-forwards et de digressions narratives au montage déroutant, qui semblent davantage destinées à masquer les failles de l'intrigue qu'à renforcer la tension.
Le plus décevant, selon cette critique, est sans doute la façon dont le film délaisse l'espionnage intelligent et les gadgets légers au profit d'une intrigue générique et parfois irrationnelle. L'intrigue tourne autour de l'Entité, une IA incontrôlable capable de déclencher une catastrophe nucléaire mondiale. La mission d'Ethan est de réunir deux MacGuffins – une clé USB contenant une pilule empoisonnée et le code source de l'IA, embarqué dans un sous-marin – pour paralyser le système. Mais le chemin vers cette confrontation est semé d'embûches, prises par les personnages, qui sont illogiques et contraires au bon sens. Un exemple flagrant : Ethan ne protège jamais sa clé USB cruciale, se laissant voler de manière hilarante sous son nez par le méchant Gabriel (Esai Morales).
Même le tour d'avion tant vanté – Cruise s'accrochant à un biplan en plein vol – rappelle les scènes précédentes, et on ne peut s'empêcher de le comparer à la course-poursuite en hélicoptère dans Fallout et à la séquence de l'avion cargo dans Rogue Nation. N'ayant rien de nouveau à apporter, conclut le critique, le film met fin à la franchise non pas avec fracas, mais avec un gémissement confus.

Un crescendo émotionnel de haut vol
À l'inverse, une autre critique salue « The Final Reckoning » comme un final palpitant, captivant et parfaitement lyrique. Bien qu'il concède un ton plus sombre, ce critique trouve que le film met les choses au clair avec authenticité, abordant avec un engagement sincère la menace apocalyptique de l'intelligence artificielle.
Tom Cruise démontre une fois de plus pourquoi il est le dernier véritable héros d'action d'Hollywood. Dans la séquence d'action culminante du biplan, Cruise réalise non seulement une cascade aérienne époustouflante, mais la rend aussi crue et pleine d'émotion. Alors qu'Ethan est suspendu à une aile à des hauteurs vertigineuses, il ne s'agit pas d'une démonstration de courage, mais d'un moment de caractère, capturant le désespoir, la peur et la volonté pure et dure de Hunt. Aucune doublure cascade ne pourrait égaler le réalisme dont Cruise fait preuve dans de tels moments, écrit le critique.
Alors que les précédents volets basculaient dans des frasques habiles et une malhonnêteté légère, The Final Reckoning relève la barre en présentant Ethan Hunt dans le rôle d'un homme littéralement accablé par le destin du monde. Le danger que représente l'Entité – une IA avancée aux visées nucléaires – n'est pas un gadget, mais une métaphore sérieuse de la dépendance de l'humanité à la technologie (et de sa perte de contrôle sur celle-ci).
D'une durée de 2 heures et 49 minutes, le film est qualifié d'immersif, sa lenteur bouillonnante déclenchant des moments d'émerveillement. Bien qu'il ne soit pas le plus léger de la franchise, son ambition est saluée par la critique, qui compare son sérieux aux grands films d'espionnage à suspense. Des flashbacks et des références à des films antérieurs donnent une impression de boucle bouclée au parcours d'Ethan, rappelant le thème d'un homme qui ne manque jamais de « comprendre ».
Verdict : une finale divisée mais ambitieuse
Mission : Impossible – Le Jugement dernier n'est pas un blockbuster d'action au sens classique du terme, et c'est peut-être précisément son objectif. Qu'il s'agisse de la mission la plus courageuse ou la plus stupide de la franchise dépendra des attentes du public pour un film Mission : Impossible.
Pour certains, le ton lourd du film, ses scènes bavardes et son intrigue trop complexe seront décevants, surtout après Dead Reckoning Part One, plus léger. Pour d'autres, sa volonté effrontée d'aborder des thèmes sombres, ses cascades minutieuses et l'engagement sans faille de Cruise pour ses performances physiques le propulsent vers un final électrisant.
Ce qui est clair, c'est que The Final Reckoning se veut plus qu'une simple suite. Il s'attache à réfléchir à la série elle-même, à l'évolution d'Ethan Hunt et à l'évolution du monde qui nous entoure. Que ce soit une réussite ou un échec, c'est une mission que le public devra accepter – ou non.
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